Saint-Chinianais

Le Maquis

Latourette



Armée Secrète,
Corps Franc de la Libération, Région R3-2.


La bataille de Saint-Pons :


Résumé du contexte : après le débarquement en Provence du 15 août 1944, les ordres d’Hitler du
17 août sont clairs : repli général des troupes allemandes, et pour notre région il s’agit d’une partie de la 19ème armée  qui doit se replier vers la vallée du Rhone avec un premier objectif situé vers Dijon.


Mais ces replis doivent majoritairement pour l’occupant emprunter des itinéraires secondaires (mais propices aux embuscades) car les routes principales sont surveillées par l’aviation alliée qui bénéficie d’une quasi maîtrise de l’espace aérien.


Le maquis Larourette avec bien entendu d’autres maquis comme entre-autres les CFMN (Corps Francs de la Montagne Noire) a affronté ces colonnes allemandes trois fois en trois jours !


1ère bataille, dans la nuit du 19 au 20 août :


vers 22 heures, l’avant-garde d’une colonne allemande composée de onze véhicules et d’un canon est signalée en provenance d’Olonzac et à environ 2 Kms de Saint-Pons vers le lieu-dit “Ponderach”. Latourette accompagné de 35 hommes et 30 gendarmes arrivent vers minuit renforcer le dispositif déjà présent sur place.
Un barrage est dressé sur la route. On ouvre le feu au coup de sifflet de Robert Pitman alias “Roby”. Les allemands sont surpris dans un premier temps, mais ils contre-attaquent, les maquisards ne disposent pas d’armes lourdes, et ont face à eux des mitrailleuses et un canon de 37 mm. Le combat dure jusqu’au matin. Vers 10h00, submergés et affaiblis, l’ennemi se rend.
Bilan : parmi les résistants 1 mort (un volotaire Africain “Dialo Souleyman”) et 2 blessés (Biau et Lignon). Point positif, la récupétation des véhicules, armes et le canon de 37mm.

Pour les allemands : 2 morts, 4 blessés et 28 prisonniers qui monterons dans les fourgon cellulaires sous bonne escorte des gendarmes afin d être  isolés dans le Somail.


2ème bataille, toujours le 20 août :


une nouvelle colonne allemande est signalée venant par le même itiniéraire. Epuisés par une nuit de combats, Latourette et ses hommes sont relevés vers 15h00 par différents maquis : CFMN, Valentin, St Vincent d’Olagues, la Salvetat, des Saint-Ponais...

Contrairement à la veille, ces différents maquis prêts à en découdre et galvanisés par leur engagement patriotique ne disposent  cependant pas d’un commandement unique.

L’ennemi est constitué d’un centaine d’hommes provenant d’une unité du 171ème régiment de la Luftwaffe avec des véhicules et toute sorte de matériel hétéroclite, rappelons qu’ils quittent la région dans la plus grande hate.


Le combat est engagé, le feu crépite de partout, mais c’est un peu désordonné, il y aurait eu manque de coordination. Les combats durent encore jusqu’à la tombée de la nuit, le CFMN fort d’une centaine d’hommes parvient à retourner la situation.
Le bilan est de 3 morts (Sébastien, Galinié et Sicard) et 20 blessés.
Côté ennemi : 8 tués et des blessés évacués avec les blessés français à l’hôpital de St Pons et qui seront traités de façon identique...ce qui aura des suites...


3ème colonne, le lendemain 21 août :


une forte colonne est annoncée en provenance de Carcassonne comprenant de 3500 à 5 000 soldats! un armée hétéroclite, qui utilise à peu près tout ce qui peut rouler, mais qui dispose néanmoins de canons et de mitrailleuses montées sur des camions. La situation se complique et paraît bien mal engagée.

Tous les maquis locaux sont présents et cette fois-ci, ils se coordonnnent en mairie de St Pons.

Des gendarmes et policiers de la PJ partent en éclaireurs et sont arrêtés et fusillés sur le champ à Courniou (Desmazes, Molard, Laurent, Vaysse, Forbes).

Ils étaient partis à la recherche de 2 camarades : Jospeh Lanet, chef Départemental des MUR (Mouvements Unis de la résistance et du Docteur Bec de Saint-Pons) partis en patrouille, et  malgré être tombés dans une embuscade, ils ont pu réussir à fuir dans le village.

Peu avant un véhicule  fut mitraillé vers les Verreries de Moussans faisant deux morts (Crespo et Houlès) et un jeune qui tentait de s’enfuir (Alexandre)


Les combats font rage en plusieurs lieux et avec plusieurs groupes à la fois. Le pic des engagements a lieu entre 14h00 et 16h00, mais ils sont débordés, c’est un fait, et craignent désormais que par vengeance, St Pons soit mis à sac.

Décision est prise de décrocher à 18h00.


Bilan : 25 morts côté français et de nombreux blessés

32 morts côté allemand et plusieurs dizaines de blessés.


Les Saint-Ponais sont sous le choc, des maisons brûlent, ils entendent des explosions, il y a des blessés, des morts, qui sont-ils? font-ils partie de leur famille? Les allemands ne perdent pas de temps et réquisitionnent tout ce qui roule y compris les charrettes, vélos et même les chevaux, bien entendu ils pillent…


Charles Barthès homme de confiance d'Émile Fontès est abattu dans la cour de l'école derrière la mairie, une stèle est érigée à cet endroit.


L’hôpital est rempli de blessés tant français qu’allemands, cependant ils sont soignés sans distinction, et c’est sûrement cet état de fait qui aura pour effet d’éviter à Saint-Pons de devenir une ville martyre. Médecins et infirmières ont été persuasifs et leurs dires confirmés par les blessés allemands.


Pendant ce temps, l’occupant en profite pour rassembler des otages. L’atmosphère devient irrespirable.


Précision étant faite que certains officiers, furieux des pertes infligées et du retard pris pour regagner le Rhône, avaient envisagé de commettre l’irréparable, et c’est à la vue du bon traitement des blessés allemands et contre la promesse des résistants de les laisser repartir sans encombre qu’ils acceptent de quitter la ville en l’épargnant.


Le 22 août à 9h00, un coup de canon est tiré, c’est le signal du départ de cette colonne comprenant de 3500 à 5 000 hommes. Fort heureusement, elle n'arrivera jamais en Allemagne

Le convoi se fera à nouveau accrocher vers Prémian et bien après, pour se rendre finalement à des combattants espagnols  dans le Gard….


La ville de Saint-Pons s’est vue décernée :

la Croix de guerre le 11 novembre 1948



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